6 participants : Anita, Élodie, Nathalie, Jean-Michel, Sébastien,Thibault
5 encadrants : Patricia, Alain 1, Alain 2, Max, Michel
Vous nous connaissez ? Nous sommes les Jumelles, nées sous le signe du Combeynot. Nous nous sommes bien diverties aujourd’hui : nous avons vu passer à nos pieds tout un groupe de skieurs. Il paraît qu’il s’agissait des membres du CAF d’Embrun. Ils s’étaient annoncés de loin en file très étirée.
Certains, courageusement, suivaient la trace, alors que d’autres, moins fiers ou moins juvéniles, tiraient leurs propres lignes de montée en leur imprimant une pente plus modeste. Parfois la chenille rompait sa procession : on en voyait ralentir, s’arrêter, retirer leurs planches, s’agenouiller et appliquer sur leurs peluches de drôles de cosmétiques aux fragrances peu naturelles. La faute au soleil, d’après eux ! Ils ne savent pas ce qu’ils veulent : les mêmes, l’instant d’avant, avaient sans doute accusé la neige d’être trop froide et trop glissante au point de les obliger à utiliser de curieux accessoires tranchants pour enrayer leurs reculades !
Revenons à notre petit spectacle. Il faut dire que notre observatoire se situe à près de trois mille mètres, et que nous dominons un col sis à 2986 m, où nos visiteurs bien contents de ne pouvoir aller plus haut s’arrêtèrent, non sans nous avoir offert un spectacle tragi-comique d’anthologie. Signalons que les décorateurs s’étaient surpassés : rideaux d’une blancheur immaculée, colonnes imitant à la perfection le granite pourpre ; pour le décor du fond, en
revanche, le souci d’économie avait prévalu, une couche de bleu uniforme et le tour avait été joué.
Nous regardions tout ça de haut, bien sûr, il nous en faut plus pour nous ébranler. Les acteurs étaient quand même au mieux de leur forme : pas tournants, pas chassés, pas de deux, entrechats à la limite du décrochage : quel festival ! Des cris, des soupirs, des jurons même agrémentaient leur progression vers le Saint Graal : ils pestaient contre la pente, dont on les entendait évaluer l’inclinaison à 36° — moins que le pastis ou le génépi de leur
Enfin, l’essentiel c’est qu’ils avaient l’air heureux ! Même si, pour certains, les nourritures terrestres avaient du mal à passer : l’appréhension de la descente peut-être. Les substances liquides absorbées libérèrent, chez d’autres, des capacités d’évaluation et d’évolution insoupçonnées : et que je t’annonce 42°, et que je pavoise avec 49° ! Pourquoi pas la verticale ? Et que je me rie de l’abîme à coups de virages acrobatiques ! Mais personne ne chut, à notre grand dam, et ce ballet trop bien maîtrisé nous laissa, de juste, un peu de marbre.
Vous nous connaissez ? Nous sommes les Jumelles, nées sous le signe du Combeynot. Nous nous sommes bien diverties aujourd’hui : nous avons vu passer à nos pieds tout un groupe de skieurs. Il paraît qu’il s’agissait des membres du CAF d’Embrun. Ils s’étaient annoncés de loin en file très étirée.
Certains, courageusement, suivaient la trace, alors que d’autres, moins fiers ou moins juvéniles, tiraient leurs propres lignes de montée en leur imprimant une pente plus modeste. Parfois la chenille rompait sa procession : on en voyait ralentir, s’arrêter, retirer leurs planches, s’agenouiller et appliquer sur leurs peluches de drôles de cosmétiques aux fragrances peu naturelles. La faute au soleil, d’après eux ! Ils ne savent pas ce qu’ils veulent : les mêmes, l’instant d’avant, avaient sans doute accusé la neige d’être trop froide et trop glissante au point de les obliger à utiliser de curieux accessoires tranchants pour enrayer leurs reculades !
Revenons à notre petit spectacle. Il faut dire que notre observatoire se situe à près de trois mille mètres, et que nous dominons un col sis à 2986 m, où nos visiteurs bien contents de ne pouvoir aller plus haut s’arrêtèrent, non sans nous avoir offert un spectacle tragi-comique d’anthologie. Signalons que les décorateurs s’étaient surpassés : rideaux d’une blancheur immaculée, colonnes imitant à la perfection le granite pourpre ; pour le décor du fond, en
revanche, le souci d’économie avait prévalu, une couche de bleu uniforme et le tour avait été joué.
Nous regardions tout ça de haut, bien sûr, il nous en faut plus pour nous ébranler. Les acteurs étaient quand même au mieux de leur forme : pas tournants, pas chassés, pas de deux, entrechats à la limite du décrochage : quel festival ! Des cris, des soupirs, des jurons même agrémentaient leur progression vers le Saint Graal : ils pestaient contre la pente, dont on les entendait évaluer l’inclinaison à 36° — moins que le pastis ou le génépi de leur
petit « remontant », le bien nommé. Procession, génuflexions, inclinaison, conversions multiples (qui ne sont jamais allées jusqu’au sacrifice ultime), si avec ça ils n’obtenaient pas leur paradis ! Nous pensions avoir affaire à une secte de masochistes !
Et puis leur temps de purgatoire se trouva achevé : ils avaient atteint le col. Brusquement leur visage changea du tout au tout : fi des essoufflements et des imprécations, il revêtit une expression extatique ; c’étaient eux qui étaient au spectacle : « Que c’est beau ! Tiens, là, la Meije !... Et à gauche, les Agneaux !... Regardez, au fond, à côté du Pelvoux, la Barre ! etc. » Et nous, les Jumelles, alors ? Combien nous ont identifiées ? Combien se
sont seulement tournés vers nous ?
Enfin, l’essentiel c’est qu’ils avaient l’air heureux ! Même si, pour certains, les nourritures terrestres avaient du mal à passer : l’appréhension de la descente peut-être. Les substances liquides absorbées libérèrent, chez d’autres, des capacités d’évaluation et d’évolution insoupçonnées : et que je t’annonce 42°, et que je pavoise avec 49° ! Pourquoi pas la verticale ? Et que je me rie de l’abîme à coups de virages acrobatiques ! Mais personne ne chut, à notre grand dam, et ce ballet trop bien maîtrisé nous laissa, de juste, un peu de marbre.
C’est avec regret, malgré tout, que nous les avons regardés s’éloigner vers le fond de la vallée, dessinant leurs arabesques dans une neige devenue exagérément accommodante. Mais nos artistes ont promis de revenir !
Michel R.
Michel R.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire