Participants : Sabine, Alain, Christian, Rolland, Michel.
La Font Sancte !
Font : en occitan « source » (cf. Font Gillarde, Font Couverte, la Foux, etc.)
Sancte : en occitan « sainte ».
À L’origine, une légende, celle d’une bergère qui, partie à la recherche d’une de ses chèvres, l’aurait retrouvée au fond d’un vallon près d’une source jaillissante : miracle ! d’où l’oratoire à proximité duquel passe l’itinéraire, d’où le nom dont notre sommet, qui domine l’endroit, a hérité.
La Font Sancte : pour des alpinistes plus rationnels, montagne également sacrée, osons le mot, mythique.
Explication : se dressant entre Ubaye et Queyras, elle est le point culminant de celui-ci, dépassant le Grand Rochebrune (pourtant considéré comme le seigneur des lieux) d’une soixantaine de mètres ; le sommet nord s’atteint au terme d’une approche évaluée à cinq heures/cinq heures trente (voie normale) ; pour y parvenir il faut remonter sur 400 mètres un couloir à 40° très exposé aux chutes de pierre.
Aujourd’hui, il s’agit bien d’alpinisme. La neige accumulée cet hiver rend le piolet et les crampons indispensables ; nous avons prévu une corde, lovée dans le sac et prête à être utilisée au cas où.
Qu’il est dur de se lever aux aurores en été ! Mais c’était le prix à payer.
Basse-Rua, fin de la route carrossable. Pied à terre. Nous suivons le torrent dont les récentes crues ont mis à mal le chemin à plusieurs endroits avant d’arriver aux premières pentes enneigées.
Entre-temps le groupe s’était un peu disloqué, et l’un d’entre nous qui ne connaissait pas l’itinéraire s’est embarqué dans un vallon qui n’était pas le bon. Prenant conscience de son erreur, il a dû redescendre puis remonter pour rejoindre les autres.
Nous chaussons les crampons. L’ascension proprement dite commence. La neige est dure et les crocs de nos prothèses font merveille. Sous l’effet de la prudence autant que de la fatigue, notre groupe s’échelonne dans le grand couloir. Bien nous en prend : malgré l’heure matinale quelques caladons échappés du pic Sud sifflent à nos oreilles. Les casques ne sont pas superflus.
Nous parvenons au sommet entre 10 h 30 et 10 h 50. Un photographe solitaire et des touffes de saxifrage rose intense nous y attendent. Nous découvrons tout d’un coup un paysage grandiose : toutes les Alpes françaises se déploient à nos yeux. Le Mont Blanc répond bien sûr à l’appel, et même le Mont Rose qui émerge de la nebbia italienne. Sous nos pieds les eaux turquoise du lac Sainte-Anne semblent nous inviter au plongeon.
Nous ne pouvons pas nous éterniser dans la contemplation. Bientôt la neige du couloir prendra le soleil, et le retour deviendra plus périlleux. La chef sonne le rappel et nous entamons la descente. Le cramponnage et le changement de main du piolet à chaque virage n’ayant plus de secret pour nous, nous effectuons la descente sans problème. Au bas du couloir la neige, ensoleillée, a déjà commencé à mollir et nous ne sommes pas loin de dévaler les dernières pentes en ramasse. Là nous croisons une dame qui monte, fort tard, pour faire l’ascension. Elle semble âgée de soixante-dix/soixante-quinze ans. Chapeau !
Nous nous regroupons au-dessus d’un joli petit lac pour pique-niquer. Ouf !
Le chemin du retour, hélas, nous attend. Nous prenons au passage (le trajet paraît plus long qu’à l’aller et nos articulations ont déjà bien trinqué !) le temps d’admirer toutes les fleurs dont le chemin est bordé : rhododendrons, ancolies, soldanelles, dryades, pulsatilles, clématites, silènes parfumées, et autres globulaires (merci Rolland pour le partage des connaissances botaniques !).
Les bières offertes par Alain et Anita à Châteauroux parachèvent le bonheur de cette journée.
Michel
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