dimanche 24 mars 2024

Vendredi 22 mars 2024 – Tête de Fer (2883 m), au départ de Larche (Alpes-de-Haute-Provence). Randonnée à ski proposée par Sabine. Dénivelée 1220 m

 Participants : Sabine, Didier, Philippe, Michel

Dernier jour de chaleur printanière avant le retour annoncé des frimas ?

Quand nous arrivons vers Meyronnes, donc très près de notre point de chute, quelqu’un dans la voiture se rappelle brusquement la raison de notre présence ici et dit : « Où est la neige ? ». Regards et silence consternés. C’est vrai que pour faire du ski, il en faut un minimum. Et là, rien ou presque, quelques plaques dans les prés. Devrons-nous faire tintin ? À Larche, elle brille toujours par son absence sur les versants sud, mais, dans la forêt, à l’ubac, elle est bien fidèle au poste. Ça tombe bien, c’est justement là que nous allons. Nous laissons la voiture sur la route menant au Lauzanier un peu (!) plus loin que le panneau interdisant la circulation aux non-riverains.

Nous montons en direction du vallon de Courrouit, passons le ruisseau au prix d’un petit déchaussage, et nous voici dans la forêt. La couche est encore mince et très dure. Rapidement, elle s’épaissit et, vers 2000 m, nous sommes pleinement rassurés quant à sa quantité. Pour ce qui est de sa qualité, comme nous arrivons dans une zone ensoleillée, notre optimisme monte encore d’un cran : elle va « décailler ».

Nous sommes sortis de la forêt et la Tête de Fer, pyramide formidable, majestueuse, intimidante, se dresse devant nous. En effectuant un mouvement tournant, nous allons l’aborder par le côté nord-ouest. L’intérêt de la manœuvre est de nous amener sur la crête d’où l’on domine le vallon des Sagnes, avec vue sur un panorama époustouflant : 1500 mètres d’à-pic à nos pieds ! Nous ne sommes pas arrivés pour autant. Les 200 derniers mètres sont les plus éprouvants : la fatigue se fait sentir, un voile nuageux accompagné de rafales d’un vent frisquet nous escorte jusqu’au point culminant. Marqués sur la neige, des pas de marmottes lève-tôt, à l’entrée d’un terrier, peinent à nous faire croire à la réalité du printemps.

Le temps de prendre des photos et d’échanger quelques mots avec un groupe de Milanais qui parlent mieux le français que nous l’italien, et nous voilà déjà en train de dépeauter, pour redescendre mettre notre pique-nique à l’abri. Cette fois, cap à l’est, en direction de la cuvette du lac Froid. C’est là que doit s’orienter notre itinéraire si nous voulons redescendre par les pentes bien revenues du vallon de Parassac. Encore faut-il trouver le passage que signale le topo… Nous passons en revue toutes les possibilités que pourraient offrir les zones de faiblesse de la couronne rocheuse entourant le lac. Rien que du vertical ou du « c’est-tout-comme ».

Philippe a bien repéré, dit-il, un couloir de neige… qui, si on s’y prend de telle et telle façon… pourrait… à condition que… On verra ça tout à l’heure. Mangeons. Nous avons beau faire traîner le pique-nique, il va falloir y aller. Le ciel s’est à nouveau dégagé, le vent s’est calmé. Voyons voir ce couloir… Horreur ! Cinquante mètres à au moins 50-55° ! (la photo donne une vision bien édulcorée).

Demi-tour, Illico presto ! Un quart de l’effectif était déjà prêt à tourner les talons, quand Philippe prend une initiative ingénieuse. Puisque lui est à l’aise dans ce genre de terrain, il va nous montrer, en payant de sa personne, que c’est faisable, sinon à ski, du moins à pied. Et il descend dans le couloir, en imprimant des marches dans la neige profonde et meuble. Il parvient presque en bas et remonte. Il ne lui est rien arrivé de fâcheux. On peut essayer. Nous mettons les skis sur les sacs et c’est parti. D’abord, en nous espaçant au maximum et à une vitesse d’escargot ; avec la peur de voir notre pied riper sur un rocher sous-jacent ; de perdre soudain l’équilibre ; de recevoir un(e) de nos camarades sur la tête ; de déclencher une avalanche. Mais nous sommes bel et bien en bas et sains et saufs. Merci, Philippe ! Il ne reste plus à ce dernier, qui a rechaussé ses skis, qu’à nous rejoindre en quelques virages sautés. Il nous annonce qu’il n’a mesuré que 45° !




La fin de la rando est délicieuse : de la bonne neige transformée vierge de toute trace nous attend. Un oiseau blanc de la taille d’un lagopède (c’en est peut-être un…), traverse à tire-d’ailes notre vallon. L’éternité !…

Par une succession de croupes débonnaires dans les combes de Parassac puis de Tourtelle nous rejoignons la route du Lauzanier.

Un peu de ski de fond pour regagner la voiture ; un petit crochet par la buvette du refuge Lombard, et nous voilà déjà sur la route du retour, la tête pleine de belles images et de pensées nostalgiques.

Michel


 

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